L’année qui s’achève laissera à beaucoup d’entre nous un arrière-goût assez amer. C’est mon cas, en tout cas, et je voudrais vous en expliquer les raisons.
Bien sûr, dans notre pays, les choses ne vont pas trop mal. Le gouvernement de Charles Michel est toujours en place, l’opposition n’est guère crédible, la NVA a (provisoirement) laissé son séparatisme au vestiaire.
Le « tax shift » décidé par le gouvernement permet d’espérer que nous paierons moins d’impôts et que pas mal d’emplois seront créés grâce à la baisse des charges patronales. Les premiers signes d’une reprise de la croissance se confirment, la situation budgétaire est apparemment sous contrôle. Et, pour ne rien gâcher, nos hockeyeurs et nos footballeurs brillent au firmament mondial.
Cependant, sans oser le dire ouvertement, il y a quelque chose qui ne va pas du tout : nous avons peur. Les horribles tueries du 13 novembre à Paris, l’état d’urgence de niveau 4 à Bruxelles qui a suivi, le niveau 3 qui persiste dans tout le pays, les menaces qui apparaissent en Grande-Bretagne, en Suisse, en Allemagne, …. autant d’événements qui nous inquiètent. Nos services de sécurité parviendront-ils à déjouer les tentatives d’attentats ? Les fous criminels de Daesch ont-ils encore les moyens de frapper ? Si oui, où le feront-ils la prochaine fois ?
Par ailleurs, l’afflux sans précédent de centaines de milliers de réfugiés au cours des derniers mois a provoqué chez certains d’entre nous des réflexes d’inquiétude sinon de rejet.
Ces deux derniers événements se produisant quasi simultanément ont mis à mal la confiance entre les Etats, et en particulier, la liberté de circulation, un des plus beaux fleurons de la construction européenne. Des barbelés sont réapparus, beaucoup de pays ont rétabli les contrôles aux frontières, les gouvernements multiplient les mesures sécuritaires. La conséquence politique de ce climat d’inquiétude est déjà visible : les partis nationaux/populistes donnent le ton, à l’instar du Front national en France, dans les débats politiques. D’où la question : la peur aura-t-elle raison de la construction européenne ?
Et pourtant, à l’entame de cette nouvelle année, les raisons d’espérer ne manquent pas. Les démocraties, fût-ce avec difficulté, ont toujours pris le dessus sur tous leurs agresseurs, qu’il s’agisse des terroristes, des voyous, ou des Etats hostiles.
Et pourtant, à Paris, le 12 décembre, 195 pays réunis pour un sommet exceptionnel, se sont engagés à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour éviter que le réchauffement climatique atteigne deux degrés.
Et pourtant, chaque jour, les progrès scientifiques continuent à améliorer la condition des hommes.
Et pourtant, les jeunes Européens jettent les bases d’un monde nouveau en allant se former (notamment grâce à Erasmus) dans les universités des autres pays.
Et pourtant, le pape François remet l’Eglise catholique sur le chemin de l’ouverture aux autres et de la sollicitude pour les plus démunis.
Et pourtant, et pourtant …. Je pourrais allonger la liste mais vous avez compris le message.
Les risques sont réels, les défis sont de taille, mais le pire n’est pas sûr. Le meilleur est avenir.
Bonne année à vous !