Ce 12 février, c’était la Journée Internationale des enfants soldats. Au cours de la décennie écoulée, les conflits armés ont directement tué plus de 2 millions d’enfants et sont au moins 6 millions à avoir été frappés d’une invalidité permanente ou grièvement blessés. Plus d’un million d’enfants ont été rendus orphelins ou ont été séparés de leur famille. Vingt millions d’enfants ont été contraints de fuir de chez eux en raison des conflits et des violations des droits fondamentaux et vivent comme réfugiés dans les pays voisins ou sont déplacés dans leur propre pays.
On estime qu’aujourd’hui plus de 250 000 enfants dans le monde sont impliqués de manière directe ou indirecte dans des conflits armés. C’est particulièrement le cas dans les groupes armés non-étatiques comme l’Armée démocratique du Soudan ou Boko Haram au Nigeria mais aussi au Yemen, au Pakistan en Sommalie, etc. Selon les Nations-Unies, la problématique concerne 23 pays.
L’enrôlement des enfants dans des groupes armés est source de nombreuses violations dont la violence sexuelle, la privation et les traumatismes. Plutôt que de parler d’enfants soldats, il est préférable d’utiliser le terme « enfant associé à une force ou un groupe armé » car en effet, certains enfants sont messagers ou espions, d’autres sont utilisés comme combattants, voire comme boucliers ou comme objets sexuels. Ces enfants sont souvent kidnappés ou recrutés de force mais certains rejoignent les groupes armés parce qu’ils pensent ne pas avoir d’autres choix. Ce sont des enfants pauvres, discriminés, abusés et traumatisé à vie.
A l’occasion de la journée mondiale, je tiens à rappeler les dispositions du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant la participation des enfants aux conflits armés entré en vigueur en 2002. Celui-ci interdit la participation d’enfants de moins de 18 ans aux hostilités et exige des Etats qu’ils portent à 18 ans l’âge du recrutement obligatoire et de la participation directe aux hostilités, le Protocole facultatif oblige également de porter au-delà du minimum actuel de 15 ans l’âge du recrutement volontaire.
Je tiens également à saluer et à soutenir la campagne de l’UNICEF » enfants, pas soldats ». Lancée en mars 2014, cette campagne vise à mettre fin d’ici à 2016 au recrutement et à l’utilisation d’enfants dans les forces gouvernementales lors de conflits. J’appelle également l’Union à s’impliquer d’avantage dans les programmes d’aide pour faciliter non seulement le retrait mais aussi la démobilisation et la réinsertion des enfants soldats.
Le 10 février, c’était également la journée mondiale pour un internet plus sûr: « Safer internet day ». À cette occasion je souhaitais également évoquer la manipulation, l’endoctrinement des enfants sur internet et la cyberprédation, phénomène de plus en plus courant et très utilisé dans le recrutement de jeune Djihadistes.
La Cyberprédation recouvre l’utilisation d’Internet dans le but de communiquer en ligne avec des mineurs et de les manipuler dans un but criminel. Les cyberprédateurs utilisent plusieurs ruses pour entrer en contact avec les mineurs sur Internet. Ils se créent notamment de fausses identités pour participer à des discussions sur les forums et les réseaux sociaux.
C’est pourquoi, tout comme l’ont déjà fait le Canada, les États-Unis et la Belgique, il serait également opportun que l’UE adopte une directive demandant au États membres de prendre les mesures nécessaires pour que toute forme de cyberprédation soit punissable et non uniquement celles à des fins sexuelles.
Nous devons trouver les moyens de protéger les mineurs sur internet tout en leur laissant une grande liberté d’utilisation. Nous savons tous qu’ils sont nombreux à être en ligne et nous savons tous que le cyberespace est loin d’être un endroit sûr pour eux. Il y a certes la responsabilité parentale mais il est essentiel que l’UE ne ferme pas les yeux sur un problème majeur et qu’elle prenne les mesures de protection nécessaires pour que son espace de liberté, de sécurité et de justice puisse également s’appliquer à ses citoyens dans le cyberespace.