Depuis ce 1er décembre, la Belgique et huit autres États membres adhèrent officiellement à Eurosur, le système de surveillance des frontières extérieures activé l’an dernier par l’UE. Son but est de renforcer la lutte contre l’immigration clandestine, notamment via un échange d’informations plus efficace entre pays participants et une meilleure collaboration avec Frontex (l’agence européenne pour la gestion des frontières extérieures). Eurosur rassemble désormais 26 États membres.
Cette information fait suite à l’annonce de la fin de l’opération Mare Nostrum (fin octobre dernier) et de son remplacement par l’opération Triton. Mare Nostrum et Triton sont en effet deux programmes aux ambitions bien distinctes. Lancée en 2013 en Méditerranée, au lendemain du naufrage de 368 migrants au large de Lampedusa, l’opération humanitaire et militaire Mare Nostrum a permis de sauver plus de 150.000 migrants, dont 18.000 mineurs. S’il est encore trop tôt pour juger des effets de Triton, le but poursuivi par cette nouvelle opération est en tout cas bien différent puisqu’il vise la surveillance des frontières. En clair, l’objectif premier de Triton est de s’assurer que personne n’entre sur le territoire européen sans être découvert même si, en cas de risque de naufrage, les migrants seront toujours secourus.
Je profite de l’occasion pour rappeler mes convictions en la matière. Pour moi, l’Europe ne peut pas être une forteresse. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les drames humanitaires qui se jouent à nos frontières. Nous devons certes mener une politique de migration ambitieuse qui attire les talents dont l’Europe a besoin, mais nous devons également respecter nos engagements internationaux et permettre à tous ceux qui subissent de réelles persécutions de trouver refuge dans notre espace de liberté, de sécurité et de justice. Or, comment un demandeur d’asile peut-il demander notre protection si aucune voie légale ne lui permet d’atteindre nos frontières ? Comment pouvons-nous renforcer le contrôle des frontières extérieures en Méditerranée et mener une politique plus stricte contre l’immigration illégale si nous ne laissons aucune possibilité d’entrer légalement sur le territoire de l’UE ? Pour moi, il est nécessaire d’envisager la piste d’un visa humanitaire Schengen qui permettrait à ceux qui cherchent notre protection de la demander par la voie de services diplomatiques de l’UE, avec la participation des États Membres et la collaboration du Bureau européen d’appui en matière d’asile.