Cette semaine, un énième naufrage de migrants a eu lieu en méditerranée, au large des côtes Libyennes. Depuis le début de l’année 2015, l’organisation internationale pour les migrations (OIM) a déjà comptabilisé plus de 900 morts en Méditerranée. Le tragique record de 2014 de près de 4000 migrants décédés risque donc d’être battu. Depuis 2000, ce sont plus de 22.000 personnes qui seraient décédées en mer, aux portes de l’Europe.
Cette situation est insupportable. Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur ces incessants drames humanitaires. L’Union européenne et les États-membres doivent s’engager sans tarder de façon solidaire et responsable à la mise en place d’une véritable politique européenne en matière d’asile fondée sur 3 piliers principaux. La première urgence doit être la mise en place d’une mission de recherche et de sauvetage à l’échelle européenne au moins équivalente à la mission italienne Mare Nostrum qui avait permis de sauver plus de 170.000 vies en un an.
La priorité doit donc être d’augmenter les capacités de l’agence Européenne Frontex, en termes de mandat et de ressources. L’agence n’a aujourd’hui pas pour mission de sauver des vies, mais uniquement d’assurer la coopération entre États-membres dans le contrôle des frontières extérieures. Nous devons faire prévaloir le sauvetage de vies humaines sur toute autre considération. Il en va du respect de nos obligations internationales et d’un devoir moral.
Deuxièmement, nous insistons pour que l’Union européenne et ses États membres créent des voies légales, sûres et efficaces permettant à tous ceux qui fuient des pays ravagés par les conflits et dont le statut de réfugié ne fait aucun doute d’accéder au territoire de l’Union européenne sans avoir à mettre leur vie entre les mains de criminels.
Cet engagement à l’égard des personnes qui ont réellement besoin de la protection internationale permettra à l’UE de mener, en conformité au respect des droits fondamentaux, une politique plus ferme de contrôle de l’immigration illégale aux frontières extérieures. La création d’une voie légale permettra également de lutter contre les passeurs qui instrumentalisent le désespoir de milliers de migrants qui n’ont aujourd’hui aucune autre solution que de prendre autant de risques pour fuir l’horreur.
En troisième lieu, parallèlement à la création de voies légales, sûres et efficaces, nous demandons la création d’un système européen centralisé pour le traitement des demandes d’asile. A l’heure actuelle, EASO, le bureau européen d’appui en matière d’asile, est chargé d’assurer l’harmonisation des différentes procédures de demande d’asile conformément au système Dublin. Or, plutôt que d’exiger que 28 États membres traitent les demandes selon le même processus, il serait plus logique de confier cette tâche à un seul bureau européen disposant de toute l’expertise, du budget et du personnel nécessaire, d’autant qu’il ne s’agit là que du traitement de la demande.
La décision d’octroi du statut restera bien entendu une compétence des États membres. Nous espérons cependant que les États-membres feront preuve de plus de solidarité et qu’ils parviendront rapidement à se mettre d’accord au sein du Conseil sur un système de répartition des demandeurs d’asile.
Si un tel accord de répartition pouvait être trouvé, nous pourrions grâce au système de traitement centralisé disposer d’un système optimisé d’asile européen allant de gestion de la demande à l’octroi de la protection.
Gérard Deprez / Louis Michel