Manisfeste
> Notre ambition
Le drame wallon a assez duré. L’embrasement
qui menace Bruxelles peut être conjuré. Nous ne voulons
plus être une charge. Nous ne supportons plus les vexations
et les humiliations.
Notre ambition est de réconcilier les Wallons et les Bruxellois
avec eux-mêmes et avec leur histoire, de faire de la Wallonie
une région pilote au coeur de l’Europe, d’assurer
le plein déploiement de Bruxelles, de donner vie à
la communauté de destin des francophones, dans un pays consolidé
par sa prospérité.
I. Le changement est
possible.
Dans le passé, les Wallons ont démontré qu'ils
pouvaient être parmi les plus entreprenants et les plus créateurs.
Longtemps, la Wallonie a compté parmi les régions
les plus avancées et les plus riches du monde : la qualité
de sa main d'oeuvre était réputée sous toutes
les latitudes, sa technologie et ses produits étaient achetés
partout. Nous pensons que les Wallons, les Wallonnes, les Bruxellois
et Bruxelloises d’aujourd’hui et de demain, enrichis
par le brassage humain et culturel qu'a permis l'arrivée
de centaines de milliers de travailleurs immigrés depuis
le début du siècle, valent bien ceux d'hier, et qu'ils
sont tout autant capables de réaliser de grandes choses,
pourvu qu'ils le décident et qu'ils s'en donnent les moyens.
II. Changer notre culture.
Nous devons cesser de considérer que toute réussite
économique est idéologiquement sinon moralement suspecte,
et que seules les activités publiques ou non marchandes sont
à la hauteur de notre conception de la dignité humaine.
Produire du développement est la première condition
de l'humanisation.
Nous devons arrêter de penser que nous avons un droit définitif
à bénéficier de la solidarité des autres
si nous ne faisons pas nous-mêmes l'effort de construire notre
prospérité. Nous pouvons être des partenaires
actifs dans l’échange, plutôt que des assistés
passifs dans la solidarité.
Nous devons cesser de nous considérer comme les victimes
innocentes de l'évolution du monde et des techniques, alors
même que nous n'investissons pas assez dans l'ouverture aux
autres cultures ni dans la maîtrise des nouveaux langages.
L'alphabétisation d'aujourd'hui, c'est la maîtrise
des nouvelles technologies.
Nous devons en finir avec l'idée selon laquelle la performance
et la solidarité sont des valeurs opposées sinon incompatibles
: le partage de la pénurie n'est pas moralement supérieur
à la juste répartition de la richesse. Construire
une société juste et performante, voilà l'objectif.
III. Changer notre façon de
faire de la politique.
Les institutions politiques ne créent pas, en elles-mêmes,
le développement, mais elles jouent un rôle central
pour l’encourager, le rendre possible ou l’empêcher.
Toute la vie politique de notre pays tourne, en réalité,
autour des partis politiques. Les citoyens votent, les partis dirigent.
Nous vivons sous le régime de la particratie.
1. Construire une démocratie vivante
Nous sommes fondamentalement convaincus que le système
des partis structurés et hiérarchisés tel qu’il
s’est développé depuis 1945 - avec des membres
"encartés", souvent réduits à ne
former que des chambres d’entérinement - est à
bout de souffle.
Idéologiquement aphones, les partis politiques traditionnels
en sont, pour la plupart d’entre eux, réduits au rôle
de machines à voix, d’agences de communication voire
de rampes de lancement où ceux qui veulent faire carrière
se surveillent tout autant qu’ils ont unis pour la défense
de leurs intérêts.
Les institutions publiques ont été parasitées
par les nominations partisanes. Sans allégeance aux Etats
majors, pas de possibilité de promotion; sans disponibilité
à privilégier les "siens", pas de chance
de reconnaissance.
Pour construire une démocratie vivante, il faut démanteler
ces forteresses qui n’ont plus comme objectifs principaux
que leur propre grandeur ou leur pérennité.
2. Sortir des clivages du passé et rendre la priorité
à l’intérêt général
Nous pensons aussi qu’il faut dépasser les frontières
qui séparent aujourd’hui les partis politiques traditionnels
et qui sont, pour l’essentiel, issues des clivages de la société
belge du 19ème siècle.
Ces clivages ont notamment pour effet que les partis politiques
actuels sont trop sensibles aux intérêts des structures,
des organisations ou des groupes sociaux qui leur sont proches (les
fameux "piliers"), et négligent d’autant
les grandes politiques d’intérêt général
: exigences en matière d’éducation, de politique
culturelle et audiovisuelle, fonctionnement de la justice, sécurité
des citoyens, intégration des immigrés, rigueur dans
la gestion des fonds publics, protection du patrimoine et des ressources,...
Notre capacité à changer passe donc nécessairement
à nos yeux par le dépassement des clivages partisans
du passé et par l’organisation de nouvelles forces
politiques.
3. Mettre fin à l’hégémonie
du Parti Socialiste
Parmi les partis politiques, le Parti Socialiste occupe une place
particulière. Il est, dans ses pratiques et son fonctionnement,
l’illustration-même de l’appareil de pouvoir.
Il constitue en outre, au Sud du pays en tout cas, la force politique
dominante sinon hégémonique.
Cette domination - au maintien de laquelle les autres partis traditionnels
ont contribué et contribuent encore - a eu principalement
pour effet d’ériger en "système" le
clientélisme, les nominations partisanes, les baronnies sous-régionales
basées sur un réseau complexe de structures publiques
et parapubliques qui entretiennent des rentes de situation sinon
de véritables prébendes.
Pour casser le corset qui ankylose la Wallonie, pour créer
un appel d’air démocratique, nous affirmons qu’il
est urgent et nécessaire de mettre fin à l’hégémonie
que le P.S exerce depuis des décennies sur le Sud du pays.
Notre ambition est clairement de déplacer le centre de gravité
de la vie politique en Wallonie et, par voie de conséquence,
dans l’ensemble du monde francophone de Belgique.
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