Réflexion sur l'actualité
politique
SUR UN AIR DE JEAN FERRAT...
Il y a eu tout d’abord cette affaire de la consultation populaire
à propos de la Constitution européenne. Le MR, fidèle
à ses principes, en a défendu l’idée
et a logiquement voté en faveur de son organisation.
Las, cela n’a pas suffi. Du côté francophone
en tout cas deux partis, le PS et le CDH s’y sont opposés
avec vigueur. A leurs yeux, le texte constitutionnel est bien trop
compliqué pour être soumis au vote des citoyens. Pauvres
Belges, surtout les francophones ! On savait déjà
que leurs performances scolaires sont quelconques ; on sait aujourd’hui
que leur capacité de jugement politique est à ce point
faible qu’il est plus sage de ne pas le solliciter, contrairement
aux Britanniques, aux Français, aux Hollandais, aux Espagnols….
Hommage soit rendu à nos élites éclairées.
Il y a ensuite cette affaire Alain Destexhe. Quelle mouche l’a
donc piqué ? Ne voilà-t-il pas que ce député
bruxellois, sénateur de Communauté, s’est commis
à écrire un opuscule dans lequel il se penche, chiffres
à l’appui, sur l’état économique
de la Wallonie qu’il juge préoccupant. Les réactions
ont été à la mesure de « l’insulte
». « Bruxellois, les affaires de la Wallonie ne vous
regardent pas » a professé le très remarquable
ministre socialiste de la Région wallonne, M. Marcourt. «
Espèce de Bolkestein de sous-préfecture » a
surenchéri avec finesse le chef de groupe socialiste à
la Région wallonne, le très illustre M. Bayonet. «
Il aurait mieux fait de se taire » a conclu, impérial,
le très amical Serge Kubla. A l’évidence, la
culture du débat démocratique règne en Wallonie.
Hommage soit rendu à nos élites éclairées.
Il y a eu enfin, cette affaire A-M Lizin. Une très brave
femme, à ce qu’il semble, à ce point préoccupée
du triste sort des femmes belges qu’elle se croit tenue d’envoyer
une missive à un(e) juge pour l’éclairer sur
le jugement qu’elle va devoir rendre. Absoute par le Sénat
qu’elle préside, notre troisième personnage
du Royaume a promis de s’amender. Elle va participer aux travaux
d’un groupe chargé d’élaborer un code
de déontologie pour apprendre aux élus à respecter
les principes de la séparation des pouvoirs, alors que c’est
eux qui ont la responsabilité de les faire respecter !
Hommage soit rendu à nos élites éclairées.
La démocratie belge me fait penser ces jours-ci à
ce petit refrain de Jean Ferrat :
Faut-il pleurer, faut-il en rire ?
Fait-elle envie ou bien pitié ?
Je n’ai pas le cœur à le dire….
Photo Parlement européen
Gérard Deprez
Ministre d’Etat, Député européen
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