20
questions à Gérard Deprez
1. |
Est-il
facile de participer à un groupe politique qui compte
autant de nationalités différentes ? |
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Contrairement à ce que l'ont pourrait penser, cela ne pose
pas de problème particulier. Pour deux raisons essentielles.
D'abord parce que le Parlement européen est très bien
organisé: pour toutes les réunions officielles, la
traduction simultanée est organisée dans toutes les
langues reconnues (séances plénières, réunions
de commission, réunions de groupe, réunion de groupe
de travail...) et les documents sont disponibles dans toutes les
langues. Ensuite, parce que pour les réunions informelles,
spécialement depuis le dernier élargissement, la langue
de travail "officieuse" est devenue l'anglais. Il suffit
donc de se mettre à l'anglais pour se sentir à l'aise
à peu près partout. Enfin je dois signaler qu'à
l'exception de quelques-uns, la plupart des parlementaires du groupe
ADLE (Alliance des Démocrates et Libéraux pour L'Europe)
sont capables de s'exprimer dans plusieurs langues, y compris en
français.
2. |
Préférez-vous
travailler à Bruxelles ou à Strasbourg ? Pourquoi
? |
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En tant que belge, il est évident que je préfère
travailler à Bruxelles: les déplacements prennent
beaucoup moins de temps, je peux continuer à mener une vie
"normale" en rentrant chez moi tous les soirs. En outre,
comme les autres institutions (Conseil, Commission) ont leur siège
officiel à Bruxelles, le fait d'y travailler facilite beaucoup
les contacts. Enfin, les contacts avec les média - et les
groupes de pression! - sont faciles à organiser du fait que
la plupart d'entre eux sont localisés à Bruxelles.
Cela dit, un séjour à Strasbourg, une semaine par
mois, n'a rien d'une punition: la ville est très agréable
et les conditions de travail pour les parlementaires ne sont pas
mauvaises, surtout depuis le développement de l'internet.
3. |
Quel
est pour vous l’avenir de l’Union européenne
? Comment celle-ci va-t-elle évoluer ? |
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A titre personnel je sais très bien ce que je souhaite que
l'Union européenne devienne à l'avenir: je suis un
partisan convaincu d'une Europe politique, organisée sur
le mode fédéral, dont l'ambition doit être de
devenir un acteur politique mondial puissant et respecté.
Y parviendrons-nous? Personne ne peut répondre aujourd'hui
avec certitude à cette question: si le pire n'est pas sûr,
le meilleur n'est pas garanti. La seule chose dont je suis absolument
sûr, c'est que l'avenir de l'Europe est dans les mains des
citoyens européens. S'ils décident de vouloir une
Europe politique et s'ils soutiennent les responsables politiques
qui y travaillent, alors l'Europe politique deviendra une réalité.
Si par contre, ils se laissent aller au désintérêt,
au désenchantement ou pire, au nationalisme, l'Europe cessera
d'être un grand projet et s'enlisera dans les marchandages
et l'impuissance. De la même manière qu'il n'y a pas
de nation sans peuple qui se reconnaît en elle, il n'y aura
pas d'Europe si les citoyens des Etats membres ne donnent pas une
vraie dimension européenne à leur citoyenneté.
4. |
Pensez-vous
que l’Europe doive encore s’agrandir ? |
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La question de l'élargissement futur est, pour une part,
déjà tranchée: prochainement (en principe en
janvier 2007), la Roumanie et la Bulgarie deviendront membres de
l'Union européenne. Les négociations d'adhésion
sont terminées et seule la date effective de celle-ci reste
formellement à confirmer. Dans une seconde étape,
je vois se profiler un élargissement aux pays des Balkans:
les négociations ont commencé avec la Croatie; la
République de Macédoine a posé officiellement
sa candidature; dès lors qu'elles seront démocratisées
et stabilisées, la Serbie-Monténégro et la
Bosnie- Herzégovine ne manqueront pas de frapper à
la porte de l'Union. Au-delà, les choses me semblent beaucoup
moins claires. Les négociations d'adhésion ont certes
débuté avec la Turquie mais chacun s'accorde à
reconnaître qu'elles seront longues et difficiles. De plus,
s'il se confirme que cette adhésion devra être ratifiée
par referendum dans certains pays (dont la France), le résultat
final est loin d'être acquis si l'on se base sur les résultats
actuels des sondages d'opinion qui font tous apparaître les
profondes réticences sinon, le refus, de l'opinion publique.
La question se pose par ailleurs de savoir quelle réponse
nous donnerons demain à d'autres pays qui ont, comme l'Ukraine,
déjà fait part de leur souhait d'adhérer ou
qui, comme la Biélorussie, pourraient le faire une fois libérées
du joug stalinien qui rechigne à laisser la place. En résumé,
et pour préciser ma position personnelle, je dirais ceci:
"oui" à la Roumanie et à la Bulgarie, "oui",
sans aller trop vite, aux républiques issues de la dissolution
de l'ex-Yougoslavie. Au-delà, plutôt que de parler
d'adhésion, je pense que nous aurions intérêt
à développer un nouveau concept, soit "politique
de voisinage", soit "politique d'association" ou
de "partenariat", pour organiser nos relations avec certains
pays, tels la Turquie ou l'Ukraine, tant leur adhésion risquerait
de porter un coup fatal à l'équilibre général
de toute la construction européenne.
5. |
Quelles
limites doit-on mettre à l’élargissement
de l’Europe ? |
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En principe, les limites de l'Union européenne ne peuvent
pas être fixées a priori. A partir de ce qui était
inscrit dans le projet de Traité constitutionnel: "l'Union
européenne est ouverte à tous les Etats européens
qui respectent ses valeurs et qui s'engagent à les promouvoir
en commun", nous disposons certes d'une frontière maximale
"virtuelle" (tous les Etats européens) mais la
frontière réelle reste fluctuante (les Etats candidats
doivent s'engager)! A quoi, il convient d'ajouter deux éléments
supplémentaires qui accroissent l'incertitude. Remarquons
d'abord, comme l'illustre le cas de la Turquie, que le concept d'Etat
européen peut être défini de manière
très extensive! Qu'en serait-il, dans le même ordre
d'idée, de la Russie? Remarquons ensuite que depuis les sommets
européens de Copenhague et d'Helsinki qui ont explicité
les critères auxquels les Etats doivent satisfaire pour pouvoir
adhérer, il y a un critère qui peut être décisif
mais dont l'importance n'a d'égale que l'imprécision:
il s'agit de la "capacité d'absorption" de l'Union
européenne. Celle-ci, avant d'accepter un nouvel adhérent,
doit apprécier si elle est en mesure de l'absorber tout "en
maintenant la dynamique de l'intégration européenne"!
On le voit, à la lecture de ces quelques éléments,
les frontières de l'Union sont à la fois mobiles et
incertaines. A mes yeux, la chose n'est pas essentielle: ce ne sont
pas les frontières qu'il faut figer, c'est la méthode
pour les fixer qui doit être établie. Je ne vois personnellement
qu'un seul moyen indiscutable démocratiquement pour le faire:
un referendum européen. Entrera dans l'Union, à l'avenir,
tout pays "européen" dont l'adhésion aura
été approuvée par une majorité de citoyens
représentant une majorité d'Etats membres de l'Union.
6. |
Quelle(s)
matière(s) vous attire(ent) le plus dans les compétences
européennes ? |
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Personnellement, je suis membre de la commission des Budgets et
membre suppléant de la commission des Libertés civiles,
de la justice et des affaires intérieures. Dans ces deux
commissions, je m'intéresse plus particulièrement
aux dossiers relatifs à la politique d'immigration et d'asile,
au contrôle des frontières extérieures, à
la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée.
7. |
Pourrait-on
voir naître un conflit armé à l’intérieur
de l’Union européenne ? |
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L'Union européenne a été créée
pour mettre fin aux guerres fratricides que se sont livrées
les Etats européens tout au cours de leur histoire et en
particulier durant le vingtième siècle. En rêvant
d'un "patriotisme" européen commun, les pères
fondateurs ont voulu éradiquer sur notre continent les nationalismes
guerriers et leurs cortèges d'atrocités. Je considère,
cela étant, que le risque d'un conflit armé entre
des pays membres de l'Union européenne est pratiquement égal
à zéro. Certes, des escarmouches peuvent toujours
survenir dans des zones frontalières (îles de la mer
Egée, Balkans), mais elles seraient vite contrôlées.
Par contre, il n'est pas impossible qu'apparaissent à l'avenir,
surtout dans les Balkans, des mouvements nationalistes violents,
à l'instar de ce que l'on a connu avec l'ETA au Pays-Basque
ou l'IRA en Irlande du Nord. Par ailleurs, les Etats voisins de
l'Union à l'Est (notamment l'Ukraine, la Moldavie, la Biélorussie)
pourraient être fortement déstabilisés en cas
de fortes tensions entre l'Union et la Russie.
8. |
Pensez-vous
que l’Europe aie la volonté et/ou le devoir de
défendre les Droits de l’Homme à travers
le monde ? |
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L'Europe a effectivement vocation à défendre et à
promouvoir le respect des droits de l'Homme partout dans le monde.
Elle doit, pour cela, être irréprochable en son propre
sein. Il faut saluer à cet égard la création
prochaine à Vienne de l'Agence européenne pour les
droits fondamentaux. A l'extérieur, elle doit amplifier ses
efforts notamment en systématisant les clauses suspensives
dans tous les Traités qu'elle signe avec des Etats tiers.
9. |
Pensez-vous
que tous les pays européens devraient utiliser l’euro
? L’exclusion volontaire de certains pays de la zone euro
pourrait-elle être dommageable pour l’économie
européenne ? |
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A terme, je considère comme souhaitable et même nécessaire
que tous les Etats de l'Union utilisent la même monnaie. Cela
dit, il faut procéder avec méthode et avec prudence.
Pour participer à la monnaie unique, les pays doivent respecter
les critères qui ont été fixés: il ne
serait de l'intérêt de personne d'affaiblir l'Euro
ou de causer des dommages à des économies mal préparées.
Par ailleurs, il faudrait aussi que les actuels pays membres de
la zone euro améliorent leur performance: la croissance de
la zone euro est aujourd'hui trop lente, le chômage trop élevé,
les déficits publics trop fréquents.
10. |
Certains
pays membres sont–ils un frein à l’évolution
de l’Europe ? |
|
Il est de bon ton, en Europe comme ailleurs, quand les choses ne
vont pas assez vite ou que les résultats ne sont pas assez
bons, de désigner des boucs-émissaires. La réalité
est plus complexe. L'Union est traversée par des courants
qui ne sont pas tous convergents. Ainsi, les pays neutres de même
que les pays les plus atlantistes freinent la création d'une
véritable Europe de la Défense; certains pays, comme
la France, ralentissent les nécessaires réaffections
du budget européen en sacralisant les dépenses agricoles;
d'autres pays font obstacle à la réalisation d'une
véritable intégration des politiques policières
et pénales; d'autres encore, comme la Belgique, freinent
la réalisation de la liberté de circulation des travailleurs
en n'ouvrant pas leurs frontières aux travailleurs des dix
nouveaux pays. Et ainsi de suite...
11. |
Comment
rendre l’Europe plus proche des jeunes ? |
|
Il y a beaucoup de profils différents dans la jeunesse.
Certains sont très engagés dans la construction européenne
et sont très bien informés. D'autres sont moins directement
concernés tout en étant plutôt favorables. D'autres
encore sont hostiles au type d'Europe qui se construit, souvent
d'ailleurs pour des raisons très idéologiques. D'autres
enfin, sont indifférents à l'Europe, de la même
manière qu'ils sont indifférents à la politique
en général. Il n'y a donc pas de solution unique.
Au risque donc de schématiser, je crois que l'Europe pourrait
être beaucoup plus populaire auprès des jeunes en général
si trois choses étaient faites:
1. un grand programme européen, à mettre en œuvre
dans et par chaque Etat membre, pour stimuler l'emploi des jeunes
et les faire échapper à la précarité;
2. un grand programme européen (un super Erasmus) donnant
le droit à chaque jeune européen d'aller se former
ou travailler dans un autre pays pendant six mois ou un an;
3 l'organisation dans chaque pays de l'Union d'écoles bilingues
(ex: français/anglais, anglais/allemand) donnant aux jeunes
une parfaite maîtrise linguistique et culturelle dans des
univers différents.
12. |
Qu’est-ce
qui devrait être modifié pour que la Constitution
européenne puisse être signée, le texte
ou son emballage politique ? |
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A mon avis, le problème n'est pas dans le texte. Dans les
deux pays où le résultat a été négatif
(deux pays fondateurs!), le poids du contexte politique national
a été déterminant. La France a sanctionné
J. Chirac, elle a eu peur du plombier polonais, de la Turquie et
du soi-disant ultralibéralisme européen. La Hollande
a exprimé son désarroi face aux échecs de l'intégration
des immigrés, elle a refusé d'être le plus gros
contribuable par tête au budget européen. Pour sortir
de l'impasse, je vois deux nécessités complémentaires:
une de fond, une de méthode.
Sur le fond, il est impérieux de vaincre la peur qui est
infiltrée dans la tête des citoyens des pays fondateurs.
Le remède se trouve dans la croissance économique
et la création d'emplois. Quand à la méthode,
je plaide pour que la Constitution européenne soit ratifiée
par un referendum européen: dès lors qu'elle aurait
été approuvée par une majorité de citoyens
européens, représentant une majorité d'Etats
membres, elle serait d'application dans toute l'Union. Les pays
qui ne seraient pas d'accord pourraient se retirer.
13. |
Quel
fut votre parcours avant d’être élu député
européen ? |
|
Ma carrière professionnelle a connu quatre étapes
sensiblement différentes l'une de l'autre. Après ma
licence en sociologie à l'U.C.L., j'ai été
assistant au Centre de Recherches sociologiques pendant 7 ans (1967-1974),
période qui s'est terminée par une thèse de
doctorat. Pendant les sept années suivantes, j'ai travaillé
dans plusieurs cabinets ministériels, dans l'état-major
du P.S.C.-C.V.P., avant devenir chef de cabinet. En 1981, je suis
devenu président du P.S.C., fonction que j'ai exercée
pendant près de quinze ans. En 1997-98, j'ai connu un grave
différend avec mon parti dont j'ai été exclu.
J'ai alors fondé le M.C.C. et rejoint la fédération
P.R.L.-F.D.F.-M.C.C., devenue depuis le M.R. Je suis membre du Parlement
européen depuis 1984.
14. |
Qu’est-ce
que l’Europe peut améliorer dans le quotidien des
Européens ? |
|
L'Europe intervient tellement pour améliorer le quotidien
des européens qu'il faudrait un ouvrage entier pour en faire
l'inventaire. Si votre voiture pollue moins, c'est grâce à
l'Union. Au supermarché, la liste des ingrédients
qui figurent sur l'étiquette, c'est l'Union, de même
que la traçabilité de la viande. Les substances interdites
dans les jouets pour enfants, c'est toujours l'Union, de même
que les normes pour les eaux de baignade. La possibilité
quotidienne de franchir les frontières sans contrôle,
c'est encore l'Union...
15. |
Pensez-vous
que certaines matières doivent rester de la compétence
propre des Etats ? |
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L'Europe n'a évidemment pas vocation à s'occuper
de tout. Le projet de Constitution européenne l'avait très
clairement prévu en distinguant trois types de compétences:
les compétences exclusives de l'Union, les compétences
partagées (entre l'Union et les Etats membres), les "compétences"
d'appui, qui interviennent en support de l'action des Etats membres.
Parmi les compétences partagées, il faut mentionner
notamment la politique sociale, l'environnement, la protection des
consommateurs, les transports, les réseaux transeuropéens,
l'énergie, l'espace de liberté, de sécurité
de justice...
Parmi les compétences d'appui - c'est-à-dire celles
où la responsabilité appartient essentiellement aux
Etats membres, il faut citer la santé, l'industrie, la culture,
le terrorisme, l'éducation, la jeunesse, les sports, la formation
professionnelle, la protection civile...
Par ailleurs, les Etats membres détiennent une responsabilité
exclusive en ce qui concerne l'armée et la défense
nationale, la police et le maintien de l'ordre, l'organisation judiciaire...
16. |
Quel
est le plus gros avantage que la Belgique ait à faire
partie de l’Europe ? |
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La Belgique ne tire que des avantages à faire partie de
l'Union européenne, à commencer par la paix. Dans
les institutions européennes, les Belges ont leur mot à
dire partout, ce qui ne serait pas le cas si l'Union européenne
n'existait pas: les grands pays passeraient des accords entre eux
que nous n'aurions qu'à respecter. En matière économique,
un pays comme le nôtre, qui tire l'essentiel de sa prospérité
des exportations, bénéficie considérablement
de l'organisation du marché unique: suppression des barrières
douanières, harmonisation des normes, liberté de circulation
des produits,... Par ailleurs, notre pays tire un avantage substantiel
de la localisation à Bruxelles des institutions européennes:
les experts évaluent à deux milliards € en moyenne
par an le supplément de richesse qui en résulte.
17. |
Comment
la cour des comptes gère-t-elle les fonds européens
? Ne pensez-vous pas qu’il y ait une discrimination dans
la répartition des fonds entre les pays plus riches et
les plus pauvres ? |
|
La Cour des Comptes ne gère pas les fonds européens.
Les fonds européens sont intégrés dans le budget
de l'Union: celui-ci est approuvé conjointement par le Parlement
européen et par le Conseil des Ministres. Une fois adopté,
le budget est géré par la Commission en suivant les
normes du règlement financier. La Cour des comptes ne fait
que vérifier, a posteriori, la légalité et
la régularité des opérations.
En ce qui concerne l'existence éventuelle d'une discrimination
dans la répartition des fonds entre les pays plus riches
et les plus pauvres, il faut se méfier d'une approche "Thatchérienne"
des choses du genre "I want my money back". Si chaque
pays veut recevoir du budget autant d'argent qu'il y a mis, il n'y
a plus de solidarité et donc plus de projet commun. Par ailleurs,
s'il est relativement facile de calculer ce que chaque pays verse
dans la caisse commune, il est beaucoup plus difficile d'évaluer
l'ensemble du bénéfice qu'elle retire de l'intégration
européenne. La République fédérale d'Allemagne
est le pays qui contribue le plus au budget européen, mais
c'est aussi le pays qui tire, du fait de la puissance de son industrie,
le plus d'avantages de l'organisation du grand marché: les
exportations allemandes réalisent des résultats extraordinaires.
Par ailleurs, les dix nouveaux pays qui ne recevront pas du budget
européen tout ce qu'ils espéraient connaissent aujourd'hui,
en moyenne, un taux de croissance de leur P.I.B. qui est supérieur
au double de celui des pays de la zone €! Calculer qui est
discriminé, dans ces conditions, relève de l'impossible.
18. |
Quelles
festivités voudriez-vous voir se réaliser lors
de la Journée de l’Europe ? |
|
Je voudrais surtout que la Journée de l'Europe soit célébrée
par les citoyens, dans tous les Etats membres, et pas seulement
à Bruxelles, dans ou aux alentours des institutions européennes.
Par ailleurs, je souhaite que cette journée devienne un jour
férié dans tous les Etats membres, en plus de la fête
nationale propre à chacun. Pour éviter d'allonger
inconsidérément la liste de ces jours fériés,
je suppose de réexaminer l'opportunité de la célébration
de certains événements. Pendant combien de temps encore,
estimerons-nous nécessaire de célébrer l'armistice
qui a mis fin à la guerre de 1914-1918?
19. |
citez
2 personnalités les plus emblématiques de l’Europe
? En quoi ces personnes sont-elles remarquables ? |
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Il y a beaucoup de personnalités qui mériteraient
d'être citées, à commencer par les pères
fondateurs, Robert Schuman, Konrad Adenauer, Alcide de Gasperi.
Plus récemment, Valéry Giscard d'Estaing mériterait
une mention toute spéciale pour l'impulsion qu'il a donnée
au projet de Constitution européenne. Si je dois me limiter
à deux personnalités encore en vie, je citerais sans
hésiter Jacques Delors et Helmut Kohl. Le premier a été,
à mes yeux, le plus grand président que la Commission
ait eu. Il a eu l'intelligence de réaliser concrètement
le grand marché unique et a été l'inspirateur
de la politique de cohésion et de solidarité interrégionale.
Le second a eu le grand mérite de réunifier l'Allemagne
tout en l'ancrant solidement à l'Union européenne
par le sacrifice de l'abandon du Deutsche mark.
Aujourd'hui, parmi les personnalités encore en fonction,
et pour des raisons totalement différentes, je citerais Jean-Claude
Juncker, et Tony Blair, aussi paradoxal que cela puisse paraître
pour le deuxième.
20. |
De
quoi rêvez-vous pour l’Europe ? |
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Je rêve que les citoyens européens cessent d'avoir
peur de l'avenir, de la mondialisation, des autres, et parfois d'eux-mêmes.
Qu'ils retrouvent foi en eux et dans leur capacité d'influencer
l'histoire du monde. Qu'ils comprennent que l'Europe unie est une
vraie chance pour eux et pour le monde.
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